01.11.2020
Dimanche 1er novembre 2020, des représentants de différentes religions au Port du Rhin ont témoigné de leur fraternité et de leur soutien mutuel suite à l’attaque islamiste à la basilique de Nice (jeudi 29 octobre 2020). M. Berkat, président de l’association Ihssane, l’imam Dr Abarguiss, deux autres membres de la communauté musulmane et la pasteure protestante Roos Van De Keere ont été présents à la messe de la Toussaint à l’église catholique Sainte-Jeanne-d’Arc. La communauté orthodoxe, qui célébrait la Divine Liturgie au même moment à la Chapelle de la Rencontre, ne pouvait pas venir à l’église catholique, mais avait envoyé la veille un message de solidarité. Les représentants des religions ont été accueillis par le curé Vincent-Marie Meyer et se sont adressés aux fidèles catholiques. Ils ont condamné fermement l’attentat et exprimé leur volonté de rester unis. Ils refusent d’entrer dans la logique d’un crime commis par la haine et qui pourrait provoquer la division : « La paix aura le dernier mot ».
Chers frères et sœurs en Christ, cher M. le Curé,
Nous aimerions vous remercier de nous accueillir dans votre église aujourd’hui. C’est une des dernières célébrations possibles en ce lieu, et cela, jusqu’à la fin du deuxième confinement. Nous vivons une période qui a de quoi nous angoisser. Et qui, en plus, pourrait nous diviser. La semaine passée, nous n’avons pas seulement vu augmenter le nombre de malades de ce virus qui nous poursuit depuis trop longtemps ; il y a aussi eu les abominables assassinats de Nice dont les victimes sont de paisibles paroissiens catholiques.
Chacun de nous, nous aurions pu être l’une de ces victimes. Parce que nous venons dans un lieu de prière pour nous recueillir, parce que nous sommes paroissiens, croyants, passants, sacristains, prêtres, imams, pasteurs, parce que nos convictions ne conviennent pas à celles de quelques extrémistes. Au nom de la Chapelle de la Rencontre et de la paroisse protestante St-Matthieu-Port du Rhin et en lien avec les protestants français et allemands, j’aimerais exprimer notre indignation et notre horreur devant de tels actes. Nous crions et nous pleurons avec vous. Aujourd’hui, lors de nos cultes, nous prions pour les proches des victimes et pour vous.
Mais au-delà de notre colère et de notre tristesse, il y a aussi une reconnaissance profonde. C’est ce que nous nous sommes dits hier avec M. Berkat : ce crime qui veut diviser et angoisser a fait en sorte que nous soyons réunis ici, ensemble, musulmans, chrétiens catholiques et protestants, en solidarité et en fraternité. La paroisse orthodoxe qui célèbre en ce moment-même la Divine Liturgie à la Chapelle de la Rencontre se joint à nous par leur prière, Père Basile Molnar et son épouse sont de tout cœur avec nous.
Roos Van De Keere, pasteure Chapelle de la Rencontre
Mon père, mesdames et messieurs,
En ce jour de prière, de dimanche de la Toussaint, merci de nous recevoir parmi vous dans votre église.
Nous sommes ici aujourd’hui pour vous exprimer notre peine et notre tristesse face à ce qu’il s’est passé jeudi matin en la Basilique Notre Dame de Nice. Nous sommes horrifiés par cet acte abject que nous condamnons avec la plus grande des fermetés. Et nous vous présentons toutes nos condoléances.
Nous sommes ici aujourd’hui pour vous témoigner notre soutien et notre fraternité. Car, oui, nous sommes toutes et tous frères et sœurs, issus d’un même père, Adam. Le même souffle de vie est en nous tous, insufflé par le même Seigneur. Et ce souffle de vie est pour nous tous sacré !
Dans la sourate La Table Servie verset 32, Dieu nous dit clairement que celui qui ôte la vie à un seul être, quel qu’il soit, quelle que soit sa religion, c’est comme s’il avait porté atteinte à l’humanité toute entière. Et inversement, celui qui sauve la vie d’une seule personne, c’est comme s’il avait sauvé l’humanité toute entière.
Nous avons été profondément touchés et attristés par ces actes barbares à double titre : à la fois en tant qu’être humain car des personnes innocentes ont été sauvagement assassinées, mais aussi en tant que musulmans car ces actes ont été commis au nom de notre religion, une religion de paix qui n’a absolument rien à voir avec toute cette violence.
J’aimerais reprendre avec vous une des prières que vous avez prononcé ce matin : « Sûrs de ton amour et forts de notre foi, Seigneur, nous te prions». Seigneur, nous te prions de nous permettre de vivre en paix. Seigneur, nous te prions de nous permettre d’avancer ensemble, main dans la main, en toute fraternité.
La paix triomphera, nous en sommes certains. Le premier mot qu’un musulman prononce quand il croise une autre personne c’est le mot paix (salam). Ce premier mot, Paix, face à toute cette violence, finira par avoir le dernier mot.
Association Ihssane, Port du Rhin, Strasbourg